" J’ai mal. Oui, aujourd'hui, je ressens une énorme douleur qui s’attaque à mon cœur, qui alourdit chacun de mes pas. Sous mon poids, mon corps lutte, mon âme s’enlise.
Vous comprenez ? Ce n’est pas le genre de douleur poignante, vive, où vous avez l’impression qu’on vient de vous couper toutes les artères et qu’on vous extrait à présent le cœur de la poitrine. Non, cette violence là est bien trop brève pour être simplement délectable.
À cette heure, même s'il a été bien secoué en quelques jours, mon cœur est encore et toujours en place. Mais comment vous dire, comment expliquer cette sensation ? C’est un peu comme si mon cœur était finement percé et que le sang s’en écoulait plus que jamais, lentement mais sûrement. Vous ne mourez pas de cela.
Non contrairement à la mort subite, vous aurez le privilège de passer le reste de votre vie avec cette amertume, cette sensation d’avoir laisser une partie de vous ailleurs.
[ Si le petit poucet, lui, sème des cailloux pour éviter de se perdre, vous, vous semez quelques traces de sang, histoire de toujours vous rappeler... ]
Je ne suis pas experte en la matière mais du haut de mes vingt ans, je dis simplement ce que je ressens aujourd'hui.
Peut-être que l’organisme de l’être humain est bien conçu, peut-être que les jeunes tissus d’un corps d’une vingtaine d’année se reforment et que cette infinie mais douloureuse plaie se referme un jour.
Certainement même ! Enfin, je l’espère vraiment. Afin que nous puissions vivre à nouveau pleinement, en toute légèreté. "